#1 - Ce que nous apprend l'histoire de la résilience
Au menu de cette première édition : les enseignements de l’historien Kyle Harper au Collège de France ; le rôle majeur des « infrastructures sociales de résilience » ; une citation ; et une image.
Leçons de l’histoire de la résilience
Le chercheur américain Kyle Harper, spécialiste des liens entre sciences de la nature et histoire des sociétés humaines, a occupé cette année la chaire Avenir Commun Durable du Collège de France. Nous avons sélectionné ce que nous retenons le plus de son enseignement.
Dans sa leçon inaugurale, il met en évidence trois risques majeurs issus des interactions climat-société, trois dynamiques qui se sont produites par le passé : la perte de résilience, les risques composés, et les risques de contagion.
Puis, dans un cours suivant, il présente trois leçons de l’histoire de la résilience.
Enfin, dans sa conférence finale, il explique en quoi “nous sommes aujourd’hui plus résistants et moins fragiles” que la société préindustrielle” mais pourquoi “il serait insensé d’imaginer que nous ne sommes pas vulnérables aux risques extrêmes”. Pour finir, il indique ce qu’il “place en tête de ses plus grandes craintes en tant qu’historien”.
—> Découvrir nos notes en cliquant sur l’image :
Le rôle sous-estimé des “infrastructures sociales de résilience”
Parmi ses enseignements, un point en particulier nous semble essentiel à développer : le fait que les aspects matériels (infrastructures, technologies…) ne forment qu’une partie seulement de la résilience d’une société ou d’une communauté : les aspects sociaux, trop souvent oubliés, s’avèrent cruciaux eux aussi.
Cela rejoint le concept d’“infrastructures sociales de résilience” - une expression de l’urbaniste Sylvain Grisot, s’appuyant lui-même sur le terme d’ « infrastructures sociales » du sociologue américain Eric Klinenberg.
Sylvain Grisot les définit comme “ces liens du quotidien qui sauvent quand la crise est là”.
Pour mieux comprendre de quoi il s’agit, nous vous invitons à découvrir deux cas concrets :
1/ Celui de la grande vague de chaleur de Chicago de 1995, qui est l’une des plus meurtrières de l’histoire américaine ;
2/ Celui des catastrophes naturelles successives subies depuis 2017 par Gatineau, la quatrième ville du Québec, au point d’avoir été surnommée la « capitale des changements climatiques en Amérique du Nord.
—> A découvrir dans notre article ici.
La citation
A chaque édition, une citation intéressante repérée récemment.
« J’observe que les élus ou les préfets qui ont traversé des évènements climatiques assez durs tendent à changer de posture ».
- Vivian Dépoues, responsable de la thématique Adaptation au changement climatique à l'Institut de l’Économie pour le Climat (I4CE), dans un entretien pour millenaire3.com.
Plus de précisions dans le passage entier :
L’adaptation climatique « questionne fortement notre culture de la décision, dans un contexte où les élus restent souvent très focalisés sur la période de leur mandat. Du point de vue de l’adaptation, certains élus peuvent être réticents à prendre des décisions ayant des incidences à plus long terme, de peur d’empiéter sur la capacité d’action et de décision de leurs successeurs. J’observe cependant que les élus ou les préfets qui ont traversé des évènements climatiques assez durs tendent à changer de posture. Ce qu’ils ont vécu les rend conscients de la nécessité de se préparer à des choses auxquelles on ne s’attend pas et de prendre des décisions en regardant loin. » (Vivian Dépoués)
L’image
Antonio Muñoz Degraín (1840 - 1924). Amour maternel. 1912. Huile sur toile. 202 x 160,5 cm. Musée des Beaux-Arts, Valence.
Commentaire de Marie Lanvin, historienne d’art, qui a posté ce tableau sur Facebook suite aux inondations dans la région de Valence : “J'ai choisi un peintre valencien pour dire l'impuissance humaine à résister aux flots. Les orangers de la huerta sont en fleurs mais le fleuve emporte tout, le pinceau de l'artiste fait bouillonner les flots qui risquent bien d'emporter cette mère et son enfant”.
C’était la première édition de la Lettre de Trois degrés. Vous pouvez vous abonner ici pour recevoir les prochaines éditions. Pour plus d’informations sur ces sujets et notre initiative : troisdegres.net. A bientôt !